Qualité de l’eau dans le Rhône

Pour une gestion de l’eau dans l’intérêt des usagers

Le scandale de l’aluminium dans l’eau de la CAVIL

A Villefranche-sur-Saône, un traitement d’eau inutile rajoute de l’aluminium dans l’eau distribuée aux habitants de 15 communes des départements du Rhône et de l’Ain : Villefranche-sur-Saône, Gleizé, Limas, Liergues, Jarnioux, Ville-sur-Jarnioux, Pouilly-le-Monial, Cogny, Denicé, Lacenas, Rivolet, Jassans-Riottier, Beauregard, Frans, Fareins. L’eau alimente aussi les boulangers, les restaurants et une usine de fabrication d’aliments pour bébés.

Dernières analyses de la DDASS de l’eau distribuée :

  • 07/09/2006 : 46 µg/l d’aluminium dissous
  • 13/09/2007 : 52 µg/l d’aluminium dissous
  • 02/01/2008 : 23 µg/l d’aluminium dissous
  • 02/02/2008 : 38 µg/l d’aluminium dissous
  • 07/03/2008 : 156 µg/l d’aluminium dissous
  • 15/05/2008 : 25 µg/l d’aluminium dissous

La concentration en aluminium dissous de l’eau de 60 000 habitants est en moyenne de 30 µg/l, avec des pointes à plus de 200 µg/l (probabilité quasi nulle que 156 µg/l soit la concentration maximale). 30 µg/l correspondent à 135 kg par an d’aluminium envoyé aux usagers des 15 communes.

Message aux usagers qui disent : « La qualité de l’eau je m’en fous car je bois de l’eau en bouteille ». Ils vont aussi chez le boulanger. En consommant une baguette de pain composée de 35 à 40 % d’eau, ils avalent 5 à 25 µg d’aluminium.

Dans les années 60, des études scientifiques ont prouvé que l’aluminium s’accumulait dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer (un million de malade en France). Des études récentes confirment que l’aluminium serait une cause de la maladie d’Alzheimer.

L’aluminium est donc potentiellement dangereux pour la santé. Certaines analyses montrent que l’aluminium est absent de l’eau brute des puits de captage, par exemple, analyse de la DDASS du 11/02/2004 : 0 µg/l d’aluminium dissous. L’aluminium dans l’eau de 60 000 habitants est dû (au moins partiellement) à l’ajout de sulfate d’alumine par la CAVIL et VEOLIA Eau lors d’un traitement de l’eau.

Les usagers doivent réagir, car personne ne le fera à leur place. Ils doivent demander à leurs élus le remplacement de l’aluminium par un autre produit sans danger pour la santé.  Mais comment peuvent-ils réagir quand les responsables de l’information sur la qualité de l’eau, les 15 maires des communes contaminées, ne donnent aucune information. Par exemple à Paris, le sulfate d’aluminium n’est pas utilisé. Il est remplacé par un produit non toxique. Nous avons l’une des eaux les plus chères de France, pour certainement l’eau de plus mauvaise qualité en France (critère du nombre de produits cancérigènes et toxiques dans l’eau).

A quelques km de Villefranche, dans la vallée de l’Azergues, l’eau est également traitée pour le manganèse, et il y a 0 µg/l d’aluminium dans l’eau distribuée (précisons que le Syndicat de la Vallée de l’Azergues est exploité en régie, sans entreprise privée).

Information des 60 000 usagers sur la présence et la concentration en aluminium dissous dans l’eau : AUCUNE. C’est simple, jamais aucune information n’a été donnée aux usagers sur présence d’aluminium dissous dans l’eau potable. L’aluminium est un composé important en concentration dans l’eau. Sa présence doit être indiquée au consommateur. Des plaintes pour tromperie pourraient être déposées.

En plus d’être dangereux pour la santé, ce traitement est  inutile. En effet, l’objectif est la diminution du manganèse dans l’eau distribuée. Au dessus de 50 µg/l, le manganèse peut troubler l’eau (désagrément visuel et avec le lavage du linge). Aux concentrations où on le retrouve dans l’eau, le manganèse n’est pas toxique. Bien au contraire, c’est un oligo-élément indispensable à la vie. Les besoins journaliers en manganèse sont de 5000 µg par jour.

L’eau brute, qui arrive des captages, a souvent une concentration en manganèse inférieure ou égale à la référence de qualité (50 µg/l). Le traitement à l’aluminium est inutile, et pourtant il est réalisé. Analyses du manganèse dans l’eau brute de la DDASS dans le dossier d’enquête publique : 50 µg/l le 11/02/2004, 30 µg/l le 14/04/2005, 50 µg/l le 05/04/2007. Les dépassements de la référence de qualité sont de faibles ampleurs : 70 µg/l le 06/07/2005, 68 µg/l le 03/04/2008. Le traitement pourrait être évité, car même à 100 µg/l d’autres usagers arrivent à supporter les légers désagréments visuels. Et surtout car le manganèse est bon pour la santé, les enfants et les personnes âgées sont souvent en déficit de manganèse.

Autre aberration : le coûteux traitement à l’aluminium a parfois une efficacité douteuse : 32 µg/l de manganèse dans l’eau traitée le 07/03/2008. On baisse de 20 µg/l la concentration en manganèse bon pour la santé, en rajoutant 30 à 200 µg/l d’aluminium toxique dans l’eau « potable »!

Le scandale est que le problème du manganèse est connu depuis de 37 ans (1971), et qu’en 1992, le mandataire de l’Etat, l’hydrogéologue agréé avait officiellement demandé à la CAVIL une étude sur l’origine du manganèse pour résoudre le problème à la source (au lieu du traitement coûteux et potentiellement dangereux pour la santé).

La CAVIL n’a jamais réalisé cette étude (preuve dans le premier paragraphe de la page 12 de l’avis de 1999). Au lieu de cela, la CAVIL a choisi la solution de continuer le traitement éternel de l’eau, qui avait débuté en 1984.

Techniquement, le manganèse a deux origines à Villefranche : certains captages de l’eau par des drains trop près de la Saône (drains de 20 à 30 mètres de la rivière), et d’autres par des puits trop profond. Près de la Saône, à cause de l’oxydation des matières organiques, et en profondeur, l’eau manque d’oxygène ce qui entraine une dissolution du manganèse dans l’eau. En 1994, le problème des quelques dépassements de la référence de qualité auraient pu être réglé facilement, de manière définitive et pour un faible coût, en modifiant certains puits (ceux trop près de la Saône et trop profond). Bien évidement, cela n’aurait pas arrangé le chiffre d’affaire de l’exploitant privé des captages.

La modification des puits aurait également amélioré la qualité de l’eau pour les autres paramètres. Depuis 1970, des drains prennent l’eau à 27 m de Saône. Inutile de dire que c’est de l’eau de Saône quasi pure. La preuve est que l’eau est polluée bactériologiquement par la Saône. La Saône est l’égout d’un vaste territoire, avec une forte pollution au mercure, aux HAP, aux pesticides, aux perturbateurs endocriniens… Sûrement pas très bon pour la santé des 60 000 habitants qui boivent cette eau là. Scandaleux d’alimenter une usine de fabrication d’aliments pour bébés avec cela. En 1994, ce problème de l’eau de Saône pure envoyée dans le réseau d’eau potable aurait dû être résolu, si la demande de l’hydrogéologue agréé à la CAVIL avait été respectée.

14 juillet 2008 - Posted by | Aluminium, Eau, Eau Villefranche, Villefranche-Beaujolais

2 commentaires »

  1. pour votre information, naturosanté et l’association FRANCE ALZHEIMER indiquent une étude mettant en relation l’aluminium dans le déclenchement possible de la maladie d’alzheimer

    http://www.naturosante.com/rubriques/conseils/conseil.php?51#Al

    aussi, j’imagine que d’ici que l’étude sorte, tout le monde aura oublier cette histoire…

    bien amicalement

    Commentaire par zaclepoete | 7 novembre 2008 | Réponse

  2. […] Incroyable : en 2010 VEOLIA a déclaré avoir mis 46 tonnes de sulfate d’alumine dans l’eau de Villefranche (recensement européen REACH). Rappel : ce traitement de l’eau à l’aluminium est totalement inutile depuis des années : https://leau.wordpress.com/2008/07/14/le-scandale-de-laluminium-dans-leau-de-la-cavil/ […]

    Ping par 46 T d’aluminium dans l’eau de Villefranche en 2010 « Qualité de l’eau dans le Rhône | 18 juin 2011 | Réponse


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